lundi 31 juillet 2017

Ressentir la douleur à une époque aseptisée

Dans l'air climatisé de leur bureau, devant la lumière blafarde des écrans d'ordinateurs les cadres mondialisés s'ennuient. Ils vivent dans un univers ouaté, détachés des contraintes physiques, sans moyen de ressentir leur corps. Alors pour se reconnecter avec leurs sens, les cadres modernes paient pour sentir le froid, la douleur ou le muscle qui se contracte. 

Tu les voies à la salle de sport, courir un marathon, faire un entraînement commando pour retrouver leur corps, se sentir vivant, cesser d'être un passager un peu absent de leur vie. Dans ces activités sportives de plus en plus extrêmes (le nombre de marathonien a certainement explosé en 10 ou 20 ans), ils cherchent l'oubli d'eux-mêmes, la douleur ressentie par le corps permettant d'échapper à l'impératif d'être soi.

Quel délice pour ces cadres stressés, habitués à l'individualisme forcenés ! A notre époque d'hyper-connexion, de compétition et d'exigences sociales, s'oublier est certainement devenu l'un des luxes ultimes. Pas étonnant non plus que la consommation d'expédients de plus en plus forts se démocratise par ailleurs, ce n'est que la poursuite des mêmes fins par d'autres moyens.

Être connecté à son corps n'est plus une évidence, c'est désormais un commerce. Comme tout me diras-tu. 

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