dimanche 5 juillet 2015

Pornographie informationnelle

Partout des mots, des articles, des opinions, des infographies qui se déversent en flots continus. Analyses répétées, copiées, amplifiées, déformées jusqu'à la nausée. Aujourd'hui, tu subis le déferlement sur la Grèce. Demain, ce sera le énième livre blanc sur le Digital, la 92ème étude sur l'avenir de la banque, la 897ème étude scientifique sur le gluten, la 1807ème interview de Minc ou d'Attali. Tu liras les mêmes banalités, le même verbiage délayant sur 3000 caractères ou 15 minutes de "débat" ce qui pourrait être dit en une phrase. Bonheur de l'information continue, de la production d'information à coût quasi nul destinée à remplir le temps d'antenne ou les pages html. 

Tu es complice, tu es un collabo. Tu suis avidement les soubresauts de l'actualité, tu tweetes, retweetes, tu gloses et tu t'épuises. Cette flot continu embrouille tes pensées, t'empêche d'analyser froidement ce monde qui s'agite autour de toi tel un pantin grotesque. Tu ne comprends plus rien et surtout tu perds ton temps. 

Parfois tu te dis "demain j'arrête",  tu te jures de cesser de polluer ton esprit par de la merde informationnelle, bouillie de pensée réchauffée, insipide, sans odeur ni saveur. Tu te dis aussi que tu dois arrêter d'être complice. Cesser de diffuser par paresse ce contenu toxique, cesser de produire toi aussi des études longues, édifiantes et donc chiantes sur tes sujets d'expertise. 

Et si tu commençais dès maintenant à respecter quelques principes :
- Sélectionne et lis uniquement les pensées apportant une valeur réelle.
- Fais toujours court, simple, tranché. 
- Trouve et concentre toi sur les points qui sont réellement pertinents, laisse tomber les détails techniques
- Rappelle-toi que cette discipline du simple est le meilleur moyen de convaincre. 
- Ne pas faire perdre son temps à l'autre, voilà une politesse bien souvent oubliée

La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à  ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer.