lundi 20 mars 2017

Pronostics pour la présidentielle 2017 - Premiers scénarios enconstruction

La campagne pour la présidentielle s'accélère, la date fatidique se rapproche. Tu sais  que cette campagne est tronquée par les affaires et le déferlement de fake news un peu partout mais l'exercice de prédiction du résultat reste intéressant. 

Rassure-toi, il n'y a rien de rationnel dans l'analyse qui suit, juste une intuition partagée pour que tu puisses te moquer quand je me serai fourvoyé. Il n'est d'ailleurs pas question ici de soutenir tel ou tel candidat mais d'essayer d'anticiper l'issue du scrutin. Je ferai de temps en temps une mise à jour, bien visible afin de faire évoluer cette analyse.

Un premier constat d'abord : la gauche est quasiment morte, l'ensemble des candidats de gauche ne représentant que 25% environ des suffrages. C'est très faible et la gauche peut remercier les talents de tribun de Mélenchon qui réussit à mobiliser la gauche radicale. La candidate d'extrême-droite, le souverainiste, le candidat de droite et celui de centre-droit (oui Macron est de centre-droit) totalisent plus de 75% des intentions de vote ! C'est énorme et démontre que la France a basculé à droite. L'épisode Hollande n'a été au final qu'un accident de l'histoire, la détestation de Nicolas Sarkozy avait permis au socialiste de réaliser un hold up électoral. 

Sur les thèmes clés, tu entends les débats fiévreux sur le terrorisme ou l’immigration. Mais ce ne sont pas ces sujets qui décideront de l'élection. Comme d'habitude ce qui importe c'est l'économie, le pouvoir d'achat, la lutte contre le chômage. Tout le reste est un clapotis n'intéressant qu'une petite frange des électeurs (souvent les plus militants d'ailleurs) et les journalistes. Les électeurs semblent vouloir du sérieux, du pragmatisme avec en toile de fond le refus de l'assistanat, phénomène d'ailleurs totalement surestimé chez beaucoup. Les programmes perçus comme utopiques ou irréalistes risquent donc d'être sanctionnés.

Maintenant sur les dynamiques en cours chez les principaux candidats, quelques constats :
- Jean-Luc Mélenchon fait une belle campagne, c'est un orateur brillant et il parvient à mobiliser et unir la gauche radicale ce qui n'est pas aisé. Pourtant, il plafonne depuis la présentation de son programme économique qui devait lui permettre de poursuivre son ascension. Visiblement, les hausses de dépenses et d'impôts ne passent tout simplement pas et sont considérées comme "irréalistes" pour la plupat des électeurs. 
[EDIT 12/04] Jean-Luc Mélenchon est un candidat étonnant. Les débats ont relancé sa candidature et lui ont permis de faire oublier la radicalité de son programme. Il va écraser le candidat PS et accélérer la recomposition de la Gauche. A l'heure actuelle, Jean-Luc Mélenchon est le "vote utile" de la Gauche, le vote protestataire socialement acceptable, notamment chez les cadres moyens déclassés. Si cette dynamique se confirme dans les jours à venir, il devrait dépasser assez nettement un François Fillon soutenu par un dernier carré actif mais peu représentatif. La question est maintenant la suivante : est-ce que Mélenchon peut capter le vote protestataire et éjecter Marine Le Pen du deuxième tour ? 
- Benoit Hamon n'y arrive pas. Il est trop "tendre" et manque d'impact malgré de vrais efforts pour exister dans cette élection. Pourtant, il touche juste sur des thèmes comme le revenu universel ou les robots mais il arrive peut-être 5 ans trop tôt. Comme pour Jean-Luc Mélenchon, la volonté d'augmenter massivement les dépenses publiques donne à son programme un côté utopique qui le plombe. Finalement, face à l'original Mélenchon et lâché par le centre gauche parti chez Macron, Hamon pourrait fort bien s'étioler et se retrouver derrière le candidat des Insoumis et en dessous des 10% des voix.
[EDIT 12/04] Le scénario évoqué le 20 mars se confirme, Benoit Hamon s'est fait dévorer par Jean-Luc Mélenchon à Gauche et Emmanuel Macron à Droite. Il finira loin derrière, peut-être sous les 10% des voix. Le PS arrivera t-il à s'en remettre ?
- François Fillon aurait dû gagner sans aucun problème cette élection, c'était du tout cuit face à une gauche laminée par 5 ans de pouvoir. Sa dynamique suite aux Primaires était bonne et il avait construit un discours efficace : libéral, conservateur, anti-assistanat, sans concession. De plus, son expérience et son image d'homme intègre voire austère avaient de quoi rassurer après l'ère Sarkozy. Les électeurs de la Primaire avaient senti qu'il avait ainsi le potentiel de ratisser large du centre-droit aux déçus de Marine Le Pen. Las, l'affaire Pénélope a brisé ce positionnement. Alors certes un noyau dur actif et très vocal existe encore, notamment sur les réseaux sociaux mais il ressemble à celui de  Sarkozy durant la Primaire : présent, actif, voire agressif, il donne peut-être une fausse impression de force au candidat. Gare à la mauvaise surprise, les sondages sont peut-être encore bien trop optimistes (comme pour Sarkozy à l'époque). En effet, de nombreux électeurs peuvent opter à la dernière minute pour un vote "utile" Macron voire se porter sur un Nicolas Dupont-Aignan qui pourrait faire bien mieux que prévu en bénéficiant de l'apport d'électeurs de Fillon dégoûtés par les affaires.
[EDIT 12/04] Le scénario d'un vote Fillon sous-marin et sous-estimé est souvent évoqué. J'avoue ne pas y croire. La campagne de Fillon est mauvaise, au-delà des affaires. Le candidat est dur, froid, distant, il fait une campagne pour gagner des Primaires pas pour rassembler lors d'une Présidentielle. Et globalement, son rapport à l'argent, son manque d'exemplarité (je n'arrive pas à épargner mais je demande des efforts) ne passent pas du tout. L'effondrement dans la dernière ligne droite avec un vote utile Macron pour éviter un duel Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon est très plausible. Je ne serais pas étonné de voir Mélenchon le dépasser dans le final. 
- Emmanuel Macron est la véritable surprise de cette élection bien plus que Marine Le Pen qui ne fait que confirmer. Avouons-le, je n'y croyais absolument pas il y a quelques mois, pensant même à un score autour de 5% au final. Et puis, les défaites d'Alain Juppé et Manuel Valls aux Primaires, le discours clivant des candidats LR et PS lui ont ouvert un espace politique au centre droit avec un programme social-libéral que n'auraient pas reniés Tony Blair ou Gerhard Schröder. Macron bénéficie en plus de son image d'homme jeune, issu du privé (l'image de banquier n'est pas que négative comparée à des adversaires qui sont des professionnels de la politique) et il a réussi à créer une dynamique indéniable. L'auto-destruction de François Fillon lui ouvre un espace totalement inespéré il y a encore 6 mois. On peut même s'attendre à un phénomène "vote utile" dans la dernière ligne droite au détriment de Fillon et de Hamon. Macron premier du premier tour avec une nette avance sur Marine Le Pen semble être un scénario possible désormais.
[EDIT 12/04] Le candidat Macron est devenu au fur et à mesure de l'hystérisation de la  campagne le candidat par défaut des modérés. La dérive de Fillon le sert et lui permet de se présenter comme un candidat de rassemblement. De plus, la montée de Mélenchon peut entraîner un vote de raison vers celui semblant le mieux placé pour être au second tour face à un candidat radical. C'est pour cela que je crois toujours au scénario Macron vainqueur assez net au premier tour.
- Enfin, Marine Le Pen surfe sur le déclassement des classes populaires et moyennes, vivant notamment dans les périphéries des métropoles. Son discours attrape-tout démagogique a bien fonctionné jusqu'à présent mélangeant promesses de nouvelles dépenses, baisse des impôts et lutte contre l'immigration. Néanmoins, sur le plan économique, elle a un discours  brouillon manquant cruellement de crédibilité sur la sortie de l'Euro qui effraie une majorité de Français. La faiblesse de Marine Le Pen est là, patente : son manque de travail. En effet, elle ne creuse visiblement pas ses dossiers, n'arrive pas à rebondir au-delà de l'invective quand elle est interrogée sur des sujets techniques. Face aux autres candidats, notamment Fillon, Macron et Mélenchon qui eux travaillent dans le détail leurs propositions et préparent leurs interventions sérieusement elle risque d'être en grandes difficultés, notamment lors des débats. Voilà qui pourrait briser la dynamique et la faire refluer au final au profit de candidats perçus comme plus "sérieux", Macron voire Fillon (c'était d'ailleurs le calcul du candidat des Républicains). 
[EDIT 12/04] La dynamique de Marine Le Pen continue à s'étioler doucement, son absence totale de fond commence à être trop visible. Par ailleurs, le retour des polémiques rances autour de la rafle du Vel' d'Hiv' vont rebuter des électeurs des classes moyennes tentés par le vote protestataire. Jean-Luc Mélenchon semble d'ailleurs en profiter pour nourrir sa dynamique. La candidate FN semble plus fragile qu'elle n'y paraît et pourrait être menacée au finish par le candidat des Insoumis

Alors au 20 mars 2017, mon pronostic s'oriente vers une sorte de "vote utile" Macron dès le premier tour, rejetant loin derrière Fillon et Hamon. Marine Le Pen serait deuxième à quelques longueurs. Fillon finirait loin des deux finalistes et pourrait précéder Mélenchon dépassant au final un Hamon inaudible. 

Je reverrai ces pronostics début avril, les débats pouvant bien entendu changer la donne en fonction des prestations de chacun.

[EDIT 12/04] Je reste pour le moment sur un duel Emmanuel Macron/Marine Le Pen au second tour. Jean-Luc Mélenchon sera au moins troisième derrière un François Fillon surestimé finissant assez loin du trio de tête. Mais attention, l'hypothèse d'un duel Macron/Mélenchon devient vraiment plausible quand on observe la dynamique du candidat de la gauche radicale. Je reviendrai sur ces pronostics autour du 20 avril, juste avant le premier tour. 

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