mardi 26 septembre 2017

Règne de l'essentialisme au quotidien

Dans les discours publics, tu observes une montée des archétypes. Le monde est ainsi découpé par les idéologues et sophistes de tous horizons en catégories indépassables. Les fonctionnaires sont réduits à des privilégiés fainéants, les patrons à des êtres avides et sans scrupules, les immigrés vivant dans des quartiers déclassés en victime de la ségrégation sociale, les pauvres des assistés décérébrés et j'en passe. La pensée actuelle devient peu à peu essentialiste, elle tend à réduire les personnes à une identité fixe, indépassable, indiscutable. 

L'idée même que les êtres puissent être plus subtils, les identités plurielles et complexes est presque saugrenue. Il faut du simplisme, des oppositions franches, une lutte de tous contre tous. Pour cela, les identités sont reconstruites de toutes pièces, l'histoire réinterprétée, l'analyse des faits remplacé par le règne de l'émotion. Cet essentialisme n'est qu'un nouvel avatar du constructivisme, appliqué aux identités. 

Bien sûr cet essentialisme permet aux démagogues de se présenter en défenseur d'un groupe pour demander privilèges, prébendes et "respect". Voilà de quoi renforcer les attaques contre le bon vieux principe d'égalité en droit permettant à chacun de s'inventer un destin singulier. Mais la singularité, voilà ce que cet essentialisme nie de toutes ses forces.

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