lundi 2 novembre 2015

Fraude numérique

On te rebat les oreilles sur les mérites de l'économie numérique, sur sa supériorité intrinsèque par rapport à la vieille économie. Airb&b va écraser Hilton, Tesla va détruire GM, Amazon va tuer la FNAC. Peut-être tout cela va se réaliser. Mais pas forcément pour la bonne raison, c'est à dire par une qualité de service exceptionnelle. 

Non, si tu fais preuve de lucidité, la réussite des barbares du numérique repose sur des leviers moins glorieux :
- l'optimisation fiscale permettant de réduire les coûts, d'écraser les prix et les concurrents qui eux versent leur écot à l'Etat. Et n'oublie pas les revenus non déclarés de l'économie collaborative. Tu penses réellement que le type louant son studio via AirB&B ou te covoiturant via Blablacar déclare ce revenu complémentaire ?
- la fraude sociale : l'économie du partage repose sur une armée d'indépendants pas ou peu protégés, moins coûteux qu'un salarié classique. De quoi là aussi casser les prix sans effort, sans disruption particulière
- la destruction de capital sans espoir de retour sur investissement. Regarde les milliards engloutis par Tesla pour produire 50000 voitures par an. Pas loin de 8 milliards depuis 2009, tu ne penses pas que Peugeot ou Renault n'auraient pas pu aboutir au même résultat (excellent au demeurant) avec de tels moyens? 

Il n'y a rien de novateur dans cette économie numérique. Pour l'essentiel, tu as une stratégie de domination par les prix banale, reposant sur l'optimisation fiscale et sociale, permettant d'acheter les clients. A cela, tu ajoutes une optimisation du service bien sûr, rendue possible par l'injection massive de capitaux par des investisseurs ne recherchant pas de retour à court terme. Rien de frugal ici.

Pas de magie, pas de gourous géniaux, pas de miracle. Juste de l'optimisation fiscale et des capitaux injectés à perte. Voilà la réalité.