dimanche 12 juillet 2015

Crise de la dette : crédit ou usure ?

Tu regardes la tragi-comédie autour de la Grece, plus proche de la Telenovela bas de gamme que de Sophocle. Tout cela pour la dette, honteuse selon certains, engagement indépassable selon d'autre. Cette histoire finalement, c'est le procès de la dette et de sa mutation. 

Si tu es lucide, tu vois bien que la croissance économique repose depuis 40 ans sur la hausse continue de la dette publique ou privée. La dette est redevenue centrale car sa nature a changé :
- Auparavant la dette servait à financer l'avenir, l'investissement. Aujourd'hui, la dette finance de plus en plus notre incapacité à équilibrer dépenses et recettes. Cela vaut d'ailleurs pour les entreprises, les particuliers ou les États
- Le crédit abondant et à taux raisonnable a permis de s'abandonner à la facilité de la dette et du consumérisme. Pourquoi épargner, pourquoi se priver quand on m'offre sans problème crédit ? 
- L'inflation ne permet plus comme durant les 30 glorieuses de payer ses dettes sans douleur. Souviens toi de ceux qui ont payé leur logement sans problème grace a une inflation de plus de 5% par an 

La dette est normalement un acte de foi dans l'avenir, la matérialisation de la confiance dans la réussite de l'emprunteur. Mais quand la dette ne fait que couvrir les errements du passé, alors elle n'est plus qu'un lien négatif de coercition entre le créditeur et le débiteur, le créditeur devenant celui qui peut "couper les vivres". On passe alors dans une relation de défiance qui se rapproche de l'usure. 

Credit vient du latin credo qui veut dire confiance quand usure vient du latin usura qui veut dire se utiliser Passer de la confiance au simple "usage", voilà qui résume assez bien l'évolution de notre rapport à la dette et au crédit. La banalisation du crédit, devenu la norme, son utilisation pour couvrir les dépenses du quotidien, la dependance du débiteur pour son "dealer" de crédit, tout cela fait penser à l'usure, les taux d'intérêt abusifs en moins. C'est peut être cela qui nous empêche de comprendre cette mutation capitale de notre rapport à la dette.