samedi 6 juin 2015

Obsession de la mesure (de performance)

Tu es entouré d'indicateurs, de chiffres. Ils prolifèrent et mesurent de plus en plus finement ta "performance". Tu avais déjà des indicateurs au bureau tous plus rigolos les uns que les autres : combien de dossiers, combien de clients, combien de cafés. Tu as les indicateurs dans ta vie aussi : combien de kilomètres, combien de kilos, combien d'amis, de conquêtes, quelles performances sexuelles (ça existe  vraiment). 

Désormais tous les outils existent pour te suivre à la trace, te mesurer et de comparer à la "performance" de la masse. Encore une fois, la technologie n'est pas neutre et change ta vie. 

Sans t'en apercevoir tu es en train de devenir un objet désincarné. Tu es réduit à une bouillie de chiffres, tu te soumets aux injonctions de la performance et de la comparaison avec tes congénères. 

Face à la pluie fine de chiffres tu mets peu à peu ta subjectivité sous l'éteignoir, tu t'oublies, tu ressembles de plus en plus à la masse, cette moyenne qui ne veut rien dire. Ton instinct grégaire est plus fort que tout.

Tu es en train de remplacer le noble "pourquoi", tellement suranné, tellement humain par un "combien", question des temps nouveau. 

Bravo tu es un robot.