lundi 1 juin 2015

Le travail comme idéal

"Le travail n'est pas la vie. Travailler tout le temps rend fou". Voilà une saine parole d'un grand défenseur des éléphants. Tu penses à ça après une nouvelle journée de travail trop longue, coincé dans un tube souterrain avec un échantillon de tes congénères. Vie de rats de laboratoire. 

Tu te demandes alors quand tout a basculé, quand le retournement s'est opéré. Tu te souviens du mépris pour le travail des Grecs et des Romains. Tu penses aux seigneurs du Moyen-Age déléguant les basses œuvres à leurs serfs, aux ambitieux et ambitieuses des romans du XIXe siècle chassant la rente. L'amour, la guerre, l'art mais sûrement pas le travail, cette occupation vulgaire de ceux qui n'ont pas le choix.

Et maintenant que font les seigneurs du XXIe siècle, capitaines d'industries, leaders d'opinion ? Ils travaillent, ils ne font que ça : toujours entre deux avions, deux conférences, deux réunions. Ils gobent un sandwich à midi, lisent leurs mails soirs et weekend, ils ne s'arrêtent jamais. Ce sont nos exemples, nos modèles. Ils nous offrent le travail comme fin en soi, sans but, sans œuvre. Pour l'argent peut être car la courbe des dépenses suit souvent de près celle des revenus.

Le travail comme exécutoire à tes angoisses, au vide de ta pensée. La religion du travail qui comme toute religion permet au dévot l'abandon de soi, le confort de l'absence de choix. 

Demain tu y retourneras à 8 heures pétantes. Les maîtres des siècles passés te regarderaient avec dégoût.