dimanche 21 juin 2015

Ubérisation piège à cons

Tu entends à longueur de page Internet des digressions diverses et variées sur l'Uberisation. Encore un mot usé jusqu'à la corde (même si ce n'est qu'un néologisme) à tel point que tu n'en connais plus la signification. Un peu comme les termes "austérité", "développement durable"ou "vivre-ensemble". 

Quand tu lis les contributions diverses et variées sur le sujet, l'uberisation peut être :
- La mise à disposition d'une application mobile permettant une allocation optimale de l'offre et de la demande, 
- L'offensive d'un nouvel entrant contre les positions établies d'acteurs historiques, 
- La suppression des intermédiaires coûteux, plaie pour les clients, martingale pour ceux qui se retrouvent en position dominante, 
- La création d'une offre low cost, reposant sur une numérisation de la relation client et le contournement des législations coûteuses et sclérosées, 
- La création d'une proposition de valeur de meilleure qualité à meilleur prix.

Face à la diversité des définitions, tu peux te demander si ce slogan de l'uberisation veut encore dire quelque chose. Tu as raison, l'uberisation est vide de sens. Ce n'est que le cri d'angoisse des situations établies, des rentes face à des adversaires plus malins. Adversaires qui ont pour objectif de remplacer une rente de situation par une autre : la leur. 

Finalement, tu les vois tous utiliser un néologisme "branché" pour désigner ce qui a toujours existé.  L'uberisation c'est le cycle infernal de la destruction créatrice que connait régulièrement toute industrie : l'automobile a tué le transport hippomobile, l'avion a tué le paquebot, la grande distribution a tué l'épicerie. Rien de nouveau, ce n'est que l'éternel retour du même. Car Uber ne vise qu'une chose : remplacer un monopole celui des taxis par le sien, nulle philanthropie derrière tout cela. Et comme à chaque fois, cette offensive victorieuse n'est possible que parce que Uber offre un meilleur service pour moins cher. 

Au lieu d'inventer des termes ronflants, de se lancer dans des gadgets digitaux ou des formations à la noix pour ne pas se faire Uberiser, il serait peut être bon de revenir aux fondamentaux. Vendre une offre cohérente, une expérience d'achat simple et attrayante répondant aux besoins réels des clients (pas aux besoins sortants d'études de satisfaction biaisées). Le tout bien sûr, doit être proposé à un prix correct afin de permettre de partager la valeur créée entre clients, salariés et employeur. 

Au final, les managers des entreprises établies, sortis des meilleures écoles, doivent revenir aux fondamentaux... du commerce. Tu sais rencontrer un client, lui rendre service, lui faciliter la vie, sans essayer de lui faire payer le plomb au prix de l'or. 

Et tu touches là le coeur du problème : tous ces dirigeants dépassés ne sont pas des commerçants mais des financiers, incapables de comprendre ce qui leur arrive. Voilà pourquoi ils vont crever.